Toyota et Alpine se sont accrochées à 300 km/h à Monza : pourquoi les Japonais pensent que cela n’aurait rien changé au résultat et pourquoi Alpine était si forte
Toyota contre Alpine, telle était la lutte pour la victoire lors de la course WEC de Monza, après l’abandon du dominant Glickenhaus. Et les deux équipes se sont battues à armes égales. Les duels roue contre roue se sont multipliés, jusqu’à ce que Kamui Kobayashi et Matthieu Vaxivière s’affrontent sur la ligne de départ à 300 km/h.
La conséquence a été une crevaison à l’arrière droit et un arrière fortement endommagé sur la GR010 Hybrid de Kobayashi. Le Japonais a réussi tant bien que mal à garder le contrôle de sa Toyota. Plus tard, la direction de course l’a désigné comme responsable de la collision et lui a infligé une pénalité stop-and-go de 90 secondes.
« Pendant mon relais, j’ai eu un peu de mal avec le rythme. J’ai essayé de maintenir notre position et nous avons pris la décision stratégique de ne pas changer de pneus lors de mon arrêt au stand. Cela nous a permis de maintenir notre position, mais j’ai commencé à perdre du rythme », a déclaré le chef d’équipe Toyota.
Ensuite, j’ai eu un contact avec l’Alpine, ce qui nous a fait perdre un tour et nous a valu une pénalité ». Vaxiviere, son adversaire, s’en est quant à lui sorti indemne. Il a pris la tête de la scène et ne l’a plus quittée jusqu’à l’arrivée. Comment le Français a-t-il vu la collision?
Alpine apprécie les duels à Monza
« J’ai vraiment apprécié ces combats. C’est ce que nous voulons voir », s’enthousiasme le pilote Alpine. « C’était une belle course et une belle bagarre. Nous avons tous fait les mêmes temps au tour, pas de la même manière certes, mais j’ai vraiment apprécié. C’était vraiment sympa d’avoir tous ces hypercars ensemble »
Quelqu’un qui n’a pas vraiment apprécié les duels avec Alpine, c’est Sébastien Buemi de la Toyota 8 : « Nous avons couru contre une voiture qui n’est pas faite pour rivaliser avec la nôtre. Ils sont rapides dans les virages et n’ont pas de [dégradation des pneus], ce qui leur permet de faire quatre relais avec les pneus », estime le Suisse.
« Dans les lignes droites, ils étaient un peu plus lents, mais ils étaient presque aussi rapides que nous. J’ai l’impression que ça n’a pas de sens, mais c’est comme ça ». Le commentaire de Buemi illustre bien la difficulté pour les régulateurs du WEC de l’ACO de classer de manière optimale toutes les voitures de la catégorie hypercar.
Toyota s’interroge sur la classification BoP dans la catégorie Hypercar
Au Mans, qu’Alpine n’avait pas le droit de gagner selon Kobayashi, la LMP1 grandfathered avait encore un déficit de vitesse de pointe de 11,5 km/h sur Toyota. A Monza, Alpine a été autorisée à rouler avec 15 chevaux de plus par rapport au BoP final du Mans, Toyota a reçu huit chevaux et un kilo de plus. Le déficit de vitesse de pointe se réduisait à 2,7 km/h.
Contact à 300kph entre la @SignatechAlpine No.36 et la @TGR_WEC No.7 . Oh dear….WEC 6HMonza pic.twitter.com/2rRo7GRzD8
– Championnat du monde d’endurance de la FIA (@FIAWEC) July 10, 2022
Une autre chose est à prendre en considération : en raison de la balance of performance, l’Alpine roulait avec 119 kg de moins que la Toyota. Cela se ressent nettement dans la dégradation des pneus, comme l’a évoqué Buemi. Et son coéquipier Kobayashi en est convaincu après coup : « Nous avons fait de notre mieux, mais cela n’a pas suffi aujourd’hui ».
« Deux voitures sur le podium, c’est ce que nous pouvions faire de mieux ». Car même sans collision avec l’Alpine, Kobayashi ne pense pas « que cela aurait vraiment changé notre position finale. Nous n’avons pas été assez bons aujourd’hui ». Toyota a en outre été « vraiment surpris » par la vitesse de l’Alpine, selon Buemi. « Elle est très difficile à lire ».
Chez Alpine, en revanche, tout a été fait correctement. « Nous avons tout simplement fait un travail parfait avec la stratégie et les arrêts aux stands. C’était vraiment intelligent. Je suis plus qu’heureux de cette course et c’est vraiment une victoire pour toute l’équipe », exulte Vaxivière. Pour les Bleus, c’est la deuxième victoire de la saison après Sebring.
