Le turnover des chefs d’équipe de Formule 1 a nettement augmenté ces derniers temps – Un phénomène que Günther Steiner attribue à un problème de compréhension
Günther Steiner estime que les nombreux licenciements de chefs d’équipe en Formule 1 montrent que certains propriétaires d’équipe ne « comprennent pas encore vraiment » le championnat, faisant des comparaisons avec les changements de managers dans le football.
Dans une interview exclusive accordée à Motorsport.com lors de l’Autosport International Show 2024, celui qui a longtemps dirigé l’équipe Haas déclare : « Je pense que si vous n’êtes pas performant ou si vous n’obtenez pas de résultats, la manière la plus simple de licencier quelqu’un est de le faire ».
« Est-ce la meilleure façon ? Je ne sais pas, et je ne veux pas m’apitoyer sur mon sort – j’ai passé un bon moment avec ça. Mais c’est ce qui semble être la tendance en ce moment ».
Le licenciement de Steiner chez Haas avant la saison 2024 signifie que Mike Krack d’Aston Martin est désormais le troisième chef d’équipe le plus ancien en Formule 1, bien qu’il n’ait été nommé qu’à la fin de la saison 2021 pour succéder à Otmar Szafnauer.
Szafnauer a ensuite été nommé à la tête de l’équipe Alpine pour 2022, avant d’être relevé de ce rôle à la mi-2023. Ferrari et Williams ont changé de chef d’équipe fin 2022 et, à la fin de l’année dernière, Franz Tost a quitté AlphaTauri après avoir dirigé l’équipe sœur de Red Bull pendant 18 ans.
McLaren et Sauber ont également connu récemment des changements de direction, qui sont eux-mêmes liés : Andreas Seidl a quitté l’équipe de McLaren pour rejoindre Sauber, où il prépare la transition vers l’équipe d’usine Audi pour 2026. Son rôle de chef d’équipe chez McLaren a été repris par Andrea Stella à partir de 2023.
Cela montre que : La fluctuation parmi les chefs d’équipe a fortement augmenté par rapport au passé, lorsque les fondateurs des équipes traditionnelles de Formule 1 restaient en poste pendant des années avant que des successeurs – généralement sur une base à long terme – ne prennent le relais.
Mais alors qu’un changement de chef d’équipe peut souvent conduire à un rebond des résultats dans le football – on parle aussi de « New Manager Bounce » – un tel changement est plus difficile à réaliser en Formule 1, compte tenu des longs délais de développement des voitures.
A ce sujet, Steiner explique que la situation actuelle est née « parce que je pense que certaines personnes à qui appartiennent les équipes – des entreprises, des individus – ne comprennent pas vraiment » qu’un « New Manager Bounce » en Formule 1 est quasiment impossible.
« A mon avis, si l’on se base sur Bahreïn, il est assez tard pour un changement de management en Formule 1 en 2024 », dit-il. « On ne peut plus changer les choses – ce qui se passe là-bas est arrivé. Le mal est pratiquement déjà fait ».
« Il faut regarder quels sont les projets pour 2026/2027. Et ça, les gens ne veulent pas l’entendre. Car tout tourne autour du prochain résultat. Comme je l’ai dit, ce n’est pas comme au football, où l’on peut changer quelques joueurs et faire une grande différence. En Formule 1, on ne peut pas faire ça ».
« Je pense qu’en Formule 1, il n’y a tout simplement pas de compréhension à ce sujet. Tôt ou tard, cela se fera. Car si les gens ne changent pas et si la vision des équipes ne change pas, rien d’autre ne changera », a ajouté Steiner.