Dominique Aegerter a pris les grands moyens lors du championnat du monde Supersport à Most et a essuyé des critiques : le Suisse s’est-il empêché d’accéder au championnat du monde Superbike ?
Lors du sixième week-end de la saison en cours, le championnat du monde de Superbike a encore enthousiasmé les spectateurs avec des courses passionnantes, des duels acharnés et des scènes magnifiques. Les fans de l’Autodrome de Most ont été bien divertis. La météo a été plus clémente que ne le laissaient présager les prévisions assez sombres pour le samedi.
Contrairement à la première édition de l’année dernière, les fans ont pu entrer dans le paddock et ont profité de cette occasion pour s’approcher au plus près des départs. Il y avait vraiment de l’action!
La victime de la chute Dominique Aegerter sur le banc des accusés
Mais le week-end à Most, en République tchèque, n’a pas créé que des histoires positives. Avec son « hirondelle » après l’accident au départ de la première course Supersport, Dominique Aegerter s’est aliéné quelques sympathies. C’est pourquoi le Suisse tient aujourd’hui le rôle principal dans notre chronique du lundi.
Résumons brièvement ce qui s’est passé : au départ de la première course du championnat du monde Supersport, une chute massive a eu lieu dans la chicane, provoquée par Can Öncü. Dominique Aegerter en a été l’une des victimes. Lorsqu’il s’est retrouvé dans le bac à gravier, le rêve d’une dixième victoire consécutive a menacé de s’envoler.
There’s drama at the first corner as Aegerter, Verdoia, De Rosa, Caricasulo and Montella go down ! CZEWorldSBK pic.twitter.com/yrpHItW3Hl
– WorldSBK (@WorldSBK) July 30, 2022
Auparavant, jamais un pilote n’avait remporté dix courses consécutives en championnat du monde Supersport. Aegerter avait ce jalon en ligne de mire. Dans un geste éclair, il a décidé de provoquer l’arrêt de la course pour pouvoir être présent au nouveau départ.
Dimanche matin, les événements se sont précipités
Aegerter s’est laissé tomber dans le bac à gravier et a simulé une blessure. Il est difficile de comprendre pourquoi la course n’a pas été interrompue alors qu’un coureur se trouvait dans le bac à gravier à la fin de la dernière ligne droite. Le plan d’Aegerter a donc échoué. Le rêve d’une dixième victoire s’est envolé.
Après la course, les responsables ont considéré qu’Aegerter n’était pas en forme car son comportement laissait présager une commotion cérébrale. Pour pouvoir tout de même participer à la deuxième course, Aegerter aurait fait des aveux. Le fait qu’il ait simulé une blessure pour forcer l’interruption de la course n’a pas été bien perçu par les stewards. Ils ont prononcé une suspension pour la course suivante. Aegerter a donc manqué la deuxième course.
Dans le paddock, cette action a provoqué de nombreux hochements de tête. Je n’ai rencontré personne qui prenne la défense d’Aegerter. Certains pilotes ont réagi en disant « pas de commentaire ». D’autres ont exprimé assez clairement ce qu’ils pensaient de la « ballade » d’Aegerter.
Dominique Aegerter n’a pas seulement mis sa vie en danger
Je suis d’accord avec Scott Redding qui, interrogé sur le geste d’Aegerter, a souligné le danger que les marshalls ont pris en le soignant. On n’ose pas imaginer ce qui se serait passé si l’un des pilotes avait chuté au début du deuxième tour dans le virage 1.
Aegerter s’est déjà excusé pour son comportement. La question est de savoir si cette action aura d’autres conséquences. Jusqu’à présent, Aegerter était considéré comme un homme propre. A Most, le Suisse, au demeurant très sympathique, a montré qu’il était un coureur vraiment dur, prêt à employer tous les moyens.
Cela peut paraître plus sauvage que ce n’est le cas. Pour être un pilote de course couronné de succès, il faut disposer d’une certaine roublardise. Valentino Rossi, Ayrton Senna, Michael Schumacher et consorts n’étaient pas des anges.
Dans ce contexte, je me souviens encore de l’action de Jonathan Rea à Magny-Cours il y a un an, lorsqu’il a obtenu avec Kawasaki une pénalité de tracklimits contre Toprak Razgatlioglu. Dans la lutte pour les victoires, les titres et les étapes, les vrais coureurs dépassent parfois les limites.
Les conséquences de cette action pour l’avenir
Cela ne signifie pas que j’approuve l’action d’Aegerter. Mais je peux en avoir une certaine compréhension. La question est de savoir comment Yamaha va gérer cette situation. La saison prochaine, Aegerter veut courir en championnat du monde de Superbike, de préférence avec une Yamaha R1.
Mais on m’a déjà dit que le directeur de course de Yamaha, Andrea Dosoli, n’était pas du tout content des relations publiques négatives suite à la « hirondelle » et à la suspension de course qui s’en est suivie. Yamaha s’efforce d’avoir une image propre. Je suis curieux de voir comment Aegerter sera perçu à l’avenir.
Mais il est probable que la situation se détende un peu d’ici le prochain événement. D’ici Magny-Cours, les personnes concernées ont cinq semaines pour digérer ce qui s’est passé.
J’espère que l’action d’Aegerter à Most n’aura pas d’influence sur la décision de Yamaha de lui fournir une Superbike en 2023. En raison de ses succès sportifs, « Domi » mérite sans aucun doute une superbike d’usine