La Côte d’Ivoire, pays hôte, a éliminé le Sénégal, grand favori de la compétition – notamment parce que le tirage au sort difficile était sans doute, au final, exactement le bon.
Les trompettes, les klaxons et les cris de joie ont retenti jusque tard dans la nuit. La phrase « Demain, je n’irai pas travailler » n’a pas été entendue une seule fois dans les rues de la métropole d’Abidjan. Le succès contre le Sénégal, tenant du titre et grand favori, en huitième de finale, est très spécial pour la ville, pour le pays. Parce que c’est un succès qui était espéré, mais pas attendu.
En effet, le tournoi s’est déroulé de manière si décevante que la fédération a limogé l’entraîneur en chef Jean-Louis Gasset en plein milieu du tournoi et l’a remplacé par l’entraîneur intérimaire Emerse Faé. Et ce, uniquement parce que la solution souhaitée, Hervé Renard, n’avait pas reçu l’autorisation de la Fédération française. Seul le soutien du Maroc avait permis à l’équipe d’éviter le pire lors du tournoi à domicile.
« Nous avons été battus contre la Guinée équatoriale devant le public, dans un stade qui porte le nom de notre président », résumait Franck Kessié à la fin du match. « On a ressenti ça comme une humiliation, on était les traîtres de toute une nation ». Aujourd’hui, les traîtres sont soudain devenus des héros.
Et en premier lieu Kessié, qui a gardé ses nerfs à deux reprises au moment décisif – d’abord avec le 1:1 dans le temps réglementaire, puis avec le dernier tir de la dramatique séance de tirs au but.
Pourtant, Kessié – en fait titulaire – n’avait été que sur le banc jusqu’à la phase finale. L’entraîneur intérimaire Faé, qui était lui-même un joueur de premier plan au milieu de terrain des Eléphants, a surpris tout le monde en donnant la préférence à Jean Michael Seri, le petit défenseur de Hull City, qui a fait mouche. Seri a permis de récupérer de nombreux ballons, a empêché le puissant centre sénégalais de s’épanouir et a même été élu « homme du match ».
Auparavant, Seri n’avait pas joué une minute sur le terrain lors du tournoi – tout comme Odilon Kossounou de Leverkusen, qui n’a jamais eu de place sérieuse chez l’ex-entraîneur Gasset, et n’était même que le défenseur central numéro 4. Lundi soir, Kossounou a apporté soutien et stabilité à la défense ivoirienne, encore amateur contre la Guinée équatoriale.
Nous n’avions plus rien à perdre », a estimé Kessié. « On dit qu’un homme ressuscité ne peut plus avoir peur ». Ainsi, le tirage au sort du Sénégal en huitièmes de finale était peut-être le meilleur qui pouvait tomber sur la Côte d’Ivoire : Alors que le pays hôte s’était présenté quasiment inhibé par le poids de l’attente d’un peuple fou de football lors de la phase de groupe, les Eléphants sont restés fidèles à eux-mêmes contre le champion en titre malgré un retard précoce, ont joué de manière structurée – et ont fait preuve jusqu’à la fin d’un esprit combatif qui leur avait fait défaut.
« Je gagne beaucoup trop d’argent pour ne pas transpirer sur le terrain », a déclaré Kessié, qui a été transféré en Arabie saoudite l’été dernier. « Après tout, en Afrique, il y a des gens qui marchent 20 miles tous les matins juste pour avoir une tranche de pain ».
