Comparé aux jeunes pilotes, Aleix Espargaro ne se penche pas autant à côté de la moto – Cela peut aussi avoir des avantages en termes de charge sur les pneus
A 34 ans, Aleix Espargaro est le pilote titulaire le plus âgé du plateau MotoGP. Lorsqu’il a disputé sa première course dans la catégorie reine fin août 2009 à Indianapolis, Pedro Acosta, par exemple, n’avait que cinq ans. De l’ensemble des pilotes de l’époque, seul Dani Pedrosa est encore présent avec ses quelques apparitions en wildcard.
Depuis cette époque, le MotoGP a beaucoup changé. Cela ne concerne pas seulement les motos, mais aussi les styles de pilotage. Marc Marquez a marqué le nouveau style avec un hanging-off extrême avec le coude au sol, qui a également été adopté par les jeunes pilotes.
En comparaison, Espargaro adopte plutôt un style de conduite old school, car il ne se penche pas autant à côté de la moto et n’effectue pas les inclinaisons les plus extrêmes. Il a également toujours insisté sur le fait qu’il ne fallait pas forcer l’Aprilia à prendre le virage de manière physique.
« Au cours des deux dernières années, nous avons analysé quels étaient les avantages et les inconvénients de rouler comme je le fais », estime le vétéran. « L’influence sur les pneus est assez importante. Plus forte dans certains domaines, plus faible dans d’autres ».
Au sein de l’équipe Aprilia, Matteo Baiocco travaille depuis quelque temps en tant que riding-coach. L’Italien était auparavant actif dans le championnat du monde Superbike. En 2016, il a disputé ses dernières courses dans cette série. Il a remporté trois fois le championnat italien de Superbike.
« Matteo analyse tout et fait beaucoup de vidéos. Nous en parlons beaucoup. Sur de nombreux points, mes avantages sont plus importants – plus que ce que l’on pourrait penser », explique Espargaro. C’est le cas par exemple sur un circuit comme Barcelone, où les conditions d’adhérence sont traditionnellement faibles.
« Si vous mettez un peu moins de poids sur le pneu dans certains aspects, vous ne sollicitez pas autant le pneu », tel est le secret de sa réussite sur ce circuit. L’année dernière, Espargaro a remporté le sprint et le Grand Prix à Barcelone.
En outre, l’aérodynamique joue également un rôle de plus en plus important dans les virages : « Aujourd’hui, il n’est plus nécessaire de toucher le sol avec le casque, car les motos génèrent beaucoup de pression. Elles sont donc plus faciles à conduire. «
Malgré tout, Espargaro estime que « ce n’est pas le style de conduite le plus agréable, mais il est efficace ». Par rapport à ses jeunes collègues de la marque, il se sent toujours compétitif. C’est pourquoi il dit en riant : « Donc mon style de conduite n’est pas si mauvais ! »
La confiance entre les ingénieurs et les pilotes est la plus importante
Depuis 2017, l’Espagnol roule désormais pour Aprilia. C’est son équipe. Pour lui, il n’était pas question de changer de marque ces dernières années. Car il s’agit aussi de l’aspect humain. Espargaro et son équipe se connaissent bien et s’entendent aveuglément.
« Le plus important pour moi est la confiance entre les ingénieurs et le pilote. Si l’on n’est pas assez rapide un jour, cela n’a pas de sens d’accuser la moto. Il faut dire que la moto était très bonne, mais que je n’étais pas rapide ».
« Si en qualifications, la moto était fantastique mais que j’ai fait beaucoup d’erreurs, je dois le dire », souligne Espargaro. « Il s’agit de cette connexion. Il faut être clair et juste ». Car cela assure la confiance dans les moments importants.
« Si, lors d’une réunion, je dis à Romano [Albesiano] que, par exemple, la moto saute et qu’il ne le voit pas dans les données, il me croit et nous travaillerons pour y remédier. La confiance entre les ingénieurs et les pilotes est donc la plus importante «
« Car si tu donnes une raison, ils te croient. Il faut du temps pour établir ce lien. Il serait impossible d’avoir une meilleure relation, car je suis ici depuis longtemps et ils me font confiance ».
A l’avenir, Espargaro continuera à faire partie de la famille Aprilia. Soit il continuera à rouler l’année prochaine, soit il passera au rôle de pilote d’essai. En effet, pour le nouveau règlement qui entrera en vigueur en 2027, il faudra un pilote d’essai avec beaucoup d’expérience.
