Pour le patron du DTM Gerhard Berger, quelles étaient les raisons des nombreux crashs du Norisring, qui n’a pas été contaminé et où il voit un besoin d’agir
Le festival de crashs DTM du samedi du Norisring a échauffé les esprits. Ce sont surtout les pilotes qui ont critiqué l’agressivité de certains de leurs collègues, alors que les équipes ont subi des millions de dommages et ont travaillé jusqu’à l’aube sur les voitures pour pouvoir participer à la course de dimanche. Mais qu’en pense le patron du DTM, Gerhard Berger
L’Autrichien attribue à deux facteurs le spectacle qui n’a vu que 11 voitures sur 27 franchir la ligne d’arrivée et qui a rappelé à certains les autos tamponneuses. « Je n’ai pas aimé le scénario du départ, parce que cela conduit toujours à ce que les voitures de derrière soient trop rapides et qu’elles s’écrasent ensuite dans le premier virage », explique Berger en faisant référence au dangereux effet d’accordéon.
« Et la deuxième chose, c’est qu’une fois que c’est parti comme ça, ça s’échauffe émotionnellement – et qu’à un moment donné, plus personne n’en a rien à foutre. Et en fait, on oublie qu’il y a un championnat. «
« Un ou deux pilotes qui ne sont pas à la hauteur du standard «
Cette conduite brutale n’a cependant rien à voir avec un manque de qualité des pilotes par rapport à l’époque où ils étaient en série constructeur, Berger en est convaincu. « Je pense que nous avons un ou deux pilotes qui ne sont pas à la hauteur du standard, mais les autres sont au top du standard », déclare l’Autrichien, qui ne veut s’engager sur aucun nom.
Un candidat potentiel serait toutefois le pilote Grasser-Lamborghini Alessio Deledda, souvent dépassé par les événements, qui a freiné trop tard samedi et dont le crash a détruit les bolides d’Esteban Muth et Franck Perera à tel point qu’ils n’ont pas pu prendre le départ dimanche.
Mais même les meilleurs pilotes n’étaient pas au top de leur forme », constate Berger, qui pense que la densité des performances a été un facteur décisif. « Le championnat est extrêmement difficile. Et si je suis devant au premier virage du Norisring, j’ai déjà réussi quelque chose. Mais c’est toujours une loterie de prendre le premier virage à trois côte à côte. «
Les louanges de Rast : « Ramène quand même sa voiture «
Un des rares à comprendre que l’on perd plus que l’on ne gagne en prenant trop de risques, c’est le triple champion René Rast, le seul à être monté sur le podium des deux courses et qui n’a plus que dix points de retard sur le leader au championnat.
« Rast fait toujours son travail », remarque Berger. « Il a aussi une ‘slow puncture’ à la fin et ramène quand même sa voiture », souligne Berger en faisant référence à la crevaison du pilote Abt-Audi dans la phase finale. « C’est le Rast. C’est pour cela qu’il a été si souvent champion et qu’il a gagné tant de courses. «
« Deux fois plus » de possibilités de crash qu’à l’époque de la classe 1
Si, à l’époque de la Classe 1, il n’y avait pas autant de crashs au Norisring que samedi, Berger l’attribue aussi à la taille de la grille de départ. « Nous avons deux fois plus de voitures – donc deux fois plus de possibilités », dit-il de manière pragmatique.
A part cela, l’ex-pilote de Formule 1 connaît aussi ce genre de week-end pour l’avoir vécu pendant de nombreuses années en sport automobile – surtout sur des circuits urbains. « Chaque fois que quelqu’un vole quelque part, il revient sur la piste. Puis le suivant s’y engouffre », explique Berger. « Je ne souhaite pas que cela se produise, mais il faut aussi accepter de temps en temps que les choses ne se passent pas comme on le voudrait ».
Pour lui, c’est surtout au niveau des départs qu’il faudra agir à l’avenir. « Les garçons se sont déjà laissés distancer à l’arrière et ont conduit en accordéon – en espérant qu’ils prendraient de l’élan juste au moment où le feu est vert », remarque-t-il. « Et c’est toujours mauvais quand c’est aussi serré et que le premier virage est un virage en épingle. Il y a déjà plusieurs choses qui se sont produites et pour lesquelles chacun peut apporter sa contribution. «
Berger voit la balle dans le camp des pilotes et des équipes
S’il était lui-même présent au briefing des pilotes le dimanche matin, comme il avait été dit à l’origine ? « Si je m’en mêle maintenant, nous ne nous y connaissons plus du tout », répond-il en souriant, estimant que la balle est dans le camp des acteurs.
« Au fond, cela dépend des équipes, qui peuvent sans autre prendre un pilote à part pour lui dire : ‘Attention, nous ne gagnons pas la course au premier virage et nous ne voulons pas non plus perdre une voiture, nous voulons marquer des points. Donc nous attendons ceci et cela de toi ».
En outre, le pilote doit lui aussi comprendre un jour « que ce n’est pas à son avantage », car une conduite intelligente comme celle de Rast aurait permis d’obtenir des « points bon marché » samedi. « Et laisser ces points en route était stupide pour tous ceux qui se battent pour le championnat », a déclaré Berger en demandant aux pilotes DTM de faire preuve de plus de bon sens.