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Comment deux icônes ont failli s’entretuer

En 1975, Mohammed Ali et Joe Frazier ont livré l’un des combats les plus dramatiques et les plus violents de l’histoire de la boxe. Leur vie est parfois en danger.

Le soleil était brûlant. Il faisait près de 40 degrés Celsius dans l’Araneta Coliseum et l’humidité était insupportable. Le simple fait de rester assis faisait déjà perler la sueur sur le front des 25 000 spectateurs. Des conditions peu propices à la pratique d’un sport. Et surtout pas un sport de haut niveau.

Mais deux hommes se sont ressaisis en ce matin d’il y a 47 ans. Ils ont disputé l’un des combats les plus dramatiques et les plus violents de l’histoire de la boxe. Mohammed Ali et Joe Frazier ont créé le légendaire « Thrilla in Manila » aux Philippines.

Le magazine spécialisé The Ring écrivit plus tard qu’il s’agissait du « meilleur combat de boxe du 20e siècle ». Ali l’a remporté en interrompant le combat avant le 15e round final.

Ali perd et récupère son titre

Le duel pour le championnat du monde des poids lourds a marqué la fin d’une trilogie. Les deux rivaux s’étaient déjà affrontés deux fois sur le ring. En 1971, ils se sont affrontés pour le titre lors du « Fight of the Century ». Frazier avait remporté le combat au Madison Square Garden de New York par une victoire aux points.

Trois ans plus tard, c’est la revanche. De nouveau à New York. De nouveau dans la vénérable salle de Manhattan. Seulement : le résultat était différent. Le « Super Fight II », qui n’était pas si super que ça, a été remporté par Ali. Il gagna ainsi le droit de se battre contre George Foreman, qui était alors champion du monde. Ali l’a battu au « Rumble in the Jungle » et a récupéré les titres.

Et « The Greatest » créa ainsi les conditions d’un nouveau duel avec Frazier. Le 1er octobre 1975, ils se sont affrontés à Manille pour le championnat du monde.

Ali se moque de Frazier en le traitant de gorille

Verbal, les adversaires s’étaient déjà affrontés auparavant. Ali s’est moqué de Frazier en le traitant de gorille. « Les animaux protégés ont-ils le droit d’entrer aux Philippines ? », a-t-il demandé de manière rhétorique. Mais « Smokin’ Joe » savait aussi distribuer les coups. Ses mots martiaux étaient : « Je vais arracher le cœur de ce métis de sa poitrine « 

De telles attaques visant à attirer l’attention étaient du goût de l’homme de main derrière le « Thrilla » : le promoteur de boxe Don King, à la fois ingénieux et véreux, avait choisi Quezon City dans la région métropolitaine de Manille comme lieu d’organisation.

King avait négocié un accord avec le dictateur philippin Ferdinand Marcos. Le président de la République et son épouse Imelda étaient assis dans les loges lorsque le combat a débuté à 10 heures. Les téléspectateurs américains ont pu regarder le troisième volet de la saga Ali Frazier à une heure de grande écoute.

L’entraîneur Dundee réprimande Ali

Le champion, âgé de 33 ans, n’a plus l’élégance d’antan. En revanche, Ali a convaincu dès le début par sa force de frappe. D’un uppercut du gauche, il a envoyé Frazier, de deux ans son cadet, dans les cordes dès le premier round.

Mais l’homme touché n’a pas tardé à riposter. Frazier a mis Ali en difficulté, lui enfonçant ses poings dans les reins. Angelo Dundee, l’entraîneur d’Ali, n’a pas apprécié. « Sors de ton putain de coin », hurla-t-il au cinquième round.

Le combat s’est alors transformé en véritable « Thrilla in Manila ». Ali avait d’ailleurs forgé ce nom à l’avance avec une comptine : « It’s gonna be a thrilla, and a chilla, and a killa, when I get the gorilla, in Manila ».

Frazier ne voit presque plus rien

C’est par un échange de mots que les deux combattants ont ouvert le septième round. C’est ainsi que le célèbre journaliste sportif Hartmut Scherzer l’a noté plus tard pour le Frankfurter Allgemeine Zeitung. « Vieux Joe Frazier, pourquoi ai-je cru que tu étais à la casse ? », a commencé Ali dans un duel verbal.

Son rival a répliqué : « On t’a mal informé, beau gosse ».

Et le combat a continué. Au 13e round, Ali a amené son adversaire au bord du KO avec des coups lourds. L’œil droit de Frazier a ensuite gonflé, il ne voyait presque plus rien.

L’entraîneur de Frazier, Futch, provoque l’arrêt du match

Après le 14e round, le challenger s’est installé sur son tabouret. L’entraîneur de Frazier, Eddie Futch, a annoncé l’arrêt du combat. Le boxeur protesta – en vain.

Ali n’avait plus la force d’applaudir son succès. Il a même été victime d’un collapsus. Un signe des conditions inhumaines du Araneta Coliseum. Selon le médecin du ring Ferdie Pacheco, les deux boxeurs étaient temporairement en danger de mort en raison de leur déshydratation.

Une fois remis sur pied, les boxeurs ont livré des citations qui sont également entrées dans l’histoire du sport. « Je lui ai donné des coups qui auraient fait s’écrouler les murs d’une ville, et il les a encaissés », a déclaré Frazier à propos d’Ali.

Et le champion du monde était marqué. Ali : « Nous sommes arrivés à Manille en jeunes champions et nous sommes repartis en vieillards « 

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