Le conseiller des joueurs Arthur Beck vient en aide au directeur sportif de l’Ajax Sven Mislintat, en difficulté dans l’affaire Sosa. Mais de nombreuses questions se posent encore.
Comment s’est réellement déroulé le transfert de Borna Sosa du VfB Stuttgart à l’Ajax Amsterdam ? Les deux clubs concernés se penchent désormais sur cette question épineuse. L’Ajax, où le directeur sportif Sven Mislintat se voit reprocher un conflit d’intérêts dans cette affaire. Et le VfB, qui a confirmé mercredi soir vouloir « en raison des circonstances, examiner les activités de transfert concernées ». Cela sonne comme si les responsables des Souabes allaient examiner tous les engagements de joueurs du directeur sportif Mislintat, en poste entre avril 2019 et décembre 2022, dans lesquels l’agence de conseil AKA Global GmbH était impliquée.
Le reproche émane des Pays-Bas : AKA, tout comme Mislintat, détient désormais une participation dans l’entreprise d’analyse Matchmetrics GmbH, cofondée par le quinquagénaire lui-même. On soupçonne en outre Mislintat d’avoir voulu à tout prix conclure l’affaire Sosa avec le conseiller Arthur Beck, copropriétaire d’AKA Global. Tous deux bénéficient de la présomption d’innocence. Beck n’a pas encore répondu à une demande d’entretien, Mislintat ne souhaite pas s’exprimer officiellement tant que l’enquête n’est pas terminée.
Mais pour « Voetbal International » (« VI »), l’agent défend désormais Mislintat : « Dire que le transfert n’a pu se faire qu’avec moi comme conseiller est la plus grande absurdité que j’ai jamais entendue ». Selon le journal néerlandais « De Telegraaf », c’est pourtant ce qui ressortirait d’un échange WhatsApp entre Sosa et le conseiller Thies Bliemeister du groupe Stellar, qui représentait auparavant le Croate.
Ce n’est pas Mislintat qui a poussé à l’engagement de Sosa?
Beck a parlé de suppositions à « VI » : « Je connais Borna depuis longtemps et j’étais l’un des nombreux agents qui travaillaient pour lui. J’ai pu parler au nom du joueur avec plusieurs clubs, dont l’Ajax. Quelques semaines plus tôt, je l’avais proposé à l’Ajax. J’ai souligné qu’il y avait plusieurs possibilités et que si Sven le voulait, les choses devaient être faites rapidement ». Le frère de l’ancien international allemand Andreas Beck explique que l’entraîneur de l’Ajax Maurice Stejn a fait pression pour l’engagement de Sosa, qui a coûté environ huit millions d’euros, le dernier jour de la période de transfert, et justement pas Mislintat. « C’est un mensonge de dire que j’ai reçu un mandat de l’Ajax pour les transferts d’Eduard Spertsyan et de Borna Sosa. Pas de l’Ajax, ni de Sven ».
Les mandats donnés par les clubs à des conseillers pour mettre en place des transferts n’ont rien d’inhabituel dans le secteur. On peut toutefois se demander pourquoi des officiels de club très bien payés se font aider par des tiers lors de transferts. Dans le cas de Sosa, il faut ajouter à cela la constellation particulière du fait que Mislintat a longtemps travaillé à Stuttgart et que, vu les contacts existants, un intermédiaire devrait être superflu. D’après Beck, le mandat a donc dû venir de Sosa lui-même. Jusqu’à présent, on ne sait rien non plus d’une collaboration préalable de son agence avec Sosa. L’arrière gauche n’apparaît pas sur le profil Instagram de l’entreprise, où les agences aiment se parer de leurs stars. AKA n’a pas non plus accompagné son transfert au VfB en 2018. C’est Mario Mamic et Marco De Cia qui ont réalisé ce deal.
Mislintat n’a probablement plus d’avenir prospère chez le recordman néerlandais, c’est ce qui se dessine de plus en plus malgré le discours de défense de Beck. « De Telegraaf » rapporte une réunion du conseil de surveillance mercredi soir, au cours de laquelle des membres de l’organe de contrôle auraient demandé sa suspension. Une majorité ne s’est apparemment pas dégagée en faveur de cette mesure. Mais le président du conseil Pier Eringa a déclaré que Mislintat ne devait plus s’asseoir à la tribune pour le moment. Ce jeudi soir, l’Ajax reçoit l’Olympique de Marseille en Europa League
Récriminations sur l’échec du deal Pieper
Une interprétation évidente des événements, confirmée par au moins une source proche du club, est en tout cas à la décharge de Mislintat : L’affaire AKA devrait être utilisée pour une séparation aussi rapide que possible après le début de saison catastrophique. De plus, à première vue, on ne constate pas une accumulation excessive de deals avec l’agence nommée lors de son mandat à Stuttgart. Seuls des contrats ou des transferts avec des professionnels comme Waldemar Anton, Orel Mangala, Darko Churlinov et quelques jeunes joueurs sont concernés. S’y ajoutent des transactions avec trois professionnels d’une autre agence qui travaille en étroite collaboration avec la société de Beck. Compte tenu de la durée du mandat de Mislintat à Stuttgart, qui a tout de même duré trois ans et demi, cela n’a rien d’exceptionnel par rapport à la branche.
D’un autre côté, d’autres conseillers de joueurs, comme Volker Struth, reprochent à Mislintat, dans un livre consacré au cas d’Amos Pieper, de procéder de la même manière que pour Sosa des Pays-Bas : A savoir que le quinquagénaire aurait voulu faire passer le transfert du défenseur au VfB, prévu pour l’été 2022, avec un autre conseiller. Struth en avait informé Stuttgart à l’époque, écrit-il – ce qui soulève la question de savoir si le club de Bundesliga n’aurait pas dû ouvrir une enquête à ce sujet. Pieper, qui est toujours client de Struth, a fini à l’époque au Werder Brême.