Les grands progrès en matière de temps au tour sont aussi dus à la course à l’aérodynamisme – Pit Beirer met en garde contre une trop grande dérive
L’aérodynamique a fait l’objet d’une attention soutenue de la part de tous les constructeurs de MotoGP. Lors des essais hivernaux en Malaisie, on a vu chez les pilotes d’usine les variantes de carénage et les éléments d’aileron les plus divers, par exemple derrière la selle. Il s’agissait d’évaluer la théorie issue de la soufflerie et des simulations CFD sur la piste en conditions réelles de conduite.
Avec certains carénages, la moto est plus rapide en ligne droite, avec d’autres, elle semble plus agile », explique Brad Binder en décrivant les effets ressentis par le pilote. « Avec une autre variante, la roue arrière est plus en contact avec le sol et vous avez plus d’adhérence ».
« Vous essayez de trouver quels aspects vous plaisent et comment vous pouvez aller plus vite. On peut perdre de l’agilité si l’on privilégie l’adhérence. Ou alors on a besoin d’agilité. Nous avons essayé beaucoup de carénages et de combinaisons différentes ».
« Nous avons recueilli beaucoup d’informations pour les ingénieurs. Ils comprennent mieux maintenant ce qui se passe quand on modifie quelque chose. Il s’agit de rassembler ces connaissances en un super package ».
Les progrès dans le domaine de l’aérodynamique sont significatifs, comme l’a montré la comparaison des temps au tour entre le week-end de course de Sepang de l’automne dernier et les tests hivernaux. Les motos sont devenues nettement plus rapides.
« L’aérodynamique joue un rôle dans la performance, quel que soit le domaine », explique Pit Beirer, directeur de KTM Motorsport. « C’est pourquoi, au cours des deux dernières années, les progrès en termes de temps au tour sont devenus plus fous qu’auparavant. L’aérodynamique est devenue un facteur majeur ».
« Cela devient sauvage là-bas, si l’on regarde ce que tout le monde a apporté à Sepang. Nous sommes arrivés là où la Formule 1 était il y a quelques années. Chaque détail est examiné à la loupe pour savoir comment améliorer l’aérodynamique «
Beirer trouve certes le sujet « excitant », mais il met aussi en garde : « Je pense que du côté du promoteur et de la FIM, nous devrions faire attention à ne pas aller trop loin. Je pense que nous devrions bientôt imposer des restrictions ».
« Peut-être ne devrions-nous pas attendre 2027 pour limiter ces choses. Les ailerons et autres ne seront pas interdits. Les motos modernes continueront à ressembler à ça à l’avenir. Mais la zone dans laquelle on pourra faire quelque chose sera plus limitée ».
« C’est une bonne direction », estime Beirer. « Plus il y aura de restrictions, plus le pilote retrouvera le contrôle et non la machine à vent ». Il y aura un nouveau règlement technique au plus tard en 2027. Les motos devraient être globalement plus lentes.
Même si l’aérodynamisme sera limité, il le restera. Les motos MotoGP actuelles ont un look complètement différent de celui d’il y a quelques années. Et aussi nettement différentes des superbikes, où l’aérodynamisme n’est pas encore aussi prononcé.
« Quand on a le droit de conduire une moto MotoGP, on a le job le plus génial du monde », estime Jack Miller, que l’évolution ne dérange pas : « Peu importe l’aérodynamique ou les systèmes Ride-Height. La forme de la moto ou son apparence n’ont aucune importance. C’est très amusant ».
« Avoir le privilège d’être l’un de ces 22 athlètes les plus talentueux du monde est un voyage incroyable pour moi depuis dix ans. Chaque fois que je pose mon cul sur une telle moto et que l’on éteint le speed limiteur au bout de la voie des stands, c’est la sensation la plus incroyable. Rien n’est comparable au fait de piloter une telle moto ».