L’organisation de défense des droits de l’homme Amnesty International demande au Qatar et à la FIFA, entre autres, de créer un fonds d’indemnisation pour les travailleurs migrants dans le cadre de la Coupe du monde 2022.
Dans son rapport « Unfinished Business : What Qatar must do to fulfill promises on migrants workers’ rights » présenté jeudi – le dernier avant le coup d’envoi de la Coupe du monde 2022 le 20 novembre – Amnesty International demande que les autorités qatariennes « continuent de s’engager à tenir la promesse de réformes du travail dans le cadre de la Coupe du monde de football et au-delà ».
Dans le cadre de l’attribution de la Coupe du monde 2022 au Qatar, l’opinion publique s’est de plus en plus intéressée à la situation des droits humains ainsi qu’aux conditions de travail et de vie inquiétantes des migrants* dans cet émirat du Golfe. La pression exercée d’abord par des initiatives de supporters, puis en partie par des officiels, des sponsors et des associations, a conduit le Qatar à adopter une nouvelle législation du travail en 2017. Selon Katja Müller-Fahlbusch, spécialiste du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord à Amnesty International en Allemagne, cette nouvelle loi « a permis de faire des pas importants vers l’amélioration des droits des travailleurs migrants* ». Toutefois, selon Müller-Fahlbusch, « il est évident que cela est loin d’être suffisant ». En effet, des milliers de travailleurs migrants « se trouvent toujours dans la spirale bien connue de l’exploitation et des abus en raison d’échappatoires légales et d’une mise en œuvre insuffisante des réformes. «
Car, à ce jour, les réformes annoncées n’ont pas été effectivement mises en œuvre par les autorités qataries. « Des milliers de travailleurs* sur des chantiers liés ou non à la Coupe du monde sont toujours confrontés à des problèmes tels que le paiement tardif ou le non-paiement des salaires, des conditions de travail précaires, des entraves au changement d’emploi et à l’accès à une assistance juridique. Il y a toujours des milliers de décès inexpliqués de travailleurs migrants* », dénonce l’ONG.
Amnesty International présente un plan en dix points pour remédier aux abus
Pour s’attaquer aux abus encore existants, Amnesty International a présenté un plan en dix points. Celui-ci demande entre autres au Qatar de mettre fin au travail forcé, d’enquêter sur les décès et d’autoriser les syndicats dans le pays. Le Qatar et la FIFA doivent en outre mettre en place un fonds d’indemnisation pour les travailleurs migrants* lésés.
« Malgré le soutien important et croissant des supporters, des clubs de football et des sponsors pour l’indemnisation des travailleurs migrants*, ni le Qatar ni la FIFA n’ont fait de déclaration à ce sujet, et encore moins ne se sont engagés à le faire. La Coupe du monde de football débute dans un mois seulement : les autorités qatariennes doivent maintenant améliorer d’urgence les mesures de protection du travail et les faire appliquer efficacement, renforcer les droits des travailleurs migrants* et permettre l’accès à la justice et aux indemnisations. De son côté, la FIFA doit enfin assumer sans équivoque sa responsabilité en matière de droits humains », exige Müller-Fahlbusch.